1) Pourquoi t’es-tu jointe à l’ÉcoÉquipe et pourquoi y es-tu restée aussi engagée?

La première fois que j’ai entendu parler du concept de l’ÉcoÉquipe, j’étais en 5 e  année; je devais donc avoir environ 10 ans. Je suis entrée dans l’ÉcoÉquipe parce que, pour moi, c’était tout naturel. J’étais déjà passionnée par les causes environnementales depuis la 1 re  année, quand j’avais appris en classe que les actions humaines mettent notre monde en danger.

Les enfants comprennent davantage qu’on le croit généralement. À six ans, nous discutions en classe des répercussions des dommages environnementaux causés par les humains sur les humains eux-mêmes. Pour moi, pour nous, cette réalité semblait échapper aux adultes. Ce sont eux, après tout, qui prennent des décisions préjudiciables pour l’environnement. J’ai toujours eu une grande préoccupation pour la justice et le souci de faire partie de la solution plutôt que d’espérer simplement que d’autres s’occuperont de régler le problème.

Au fil des ans, j’ai cheminé de l’école élémentaire à l’université, mais j’ai toujours la même passion et la même conviction : je dois faire tout ce que je peux pour protéger notre planète et tous ses êtres vivants pour les générations futures. Me joindre à l’ÉcoÉquipe était, de loin, le moyen le plus accessible de réaliser cette aspiration. Dans cet espace, personne ne regardait de haut l’enfant que j’étais, et les gens appuyaient et validaient mes suggestions et mon travail. Je suis aussi très consciente que depuis des siècles, les jeunes et en particulier les jeunes femmes du monde entier abattent des obstacles pour être à l’avant-garde des grandes avancées sociales.

Nous sommes la jeunesse, nous avons la volonté et la capacité de rêver et de lutter pour nous assurer un meilleur avenir, à nous et à ceux qui nous suivront.

2) Parle-nous de ton cheminement dans l’ÉcoÉquipe.

À l’école élémentaire, nous travaillions à des projets simples comme le tri des déchets, l’extinction des lumières et les repas sans déchets. J’ai commencé à apprendre les bonnes façons d’organiser une campagne et l’importance de la responsabilisation, d’être présent et de faire pour le mieux pour respecter ses engagements.

C’est à l’école secondaire que j’ai commencé à approfondir mon étude des enjeux environnementaux. J’ai aussi appris qu’il y a des liens souvent insoupçonnés entre l’environnement et des aspects tels que l’habillement et l’alimentation. Nos campagnes ont elles aussi gagné en complexité. Nous avons traité de plusieurs enjeux particuliers : nous avons organisé des ventes de pâtisseries contre des piles, des casse-croûte d’aliments locaux et des projets de verdissement. J’ai appris à travailler avec des gens différents, j’ai pris de l’expérience et j’ai amélioré mes aptitudes au leadership.

Aujourd’hui, je me consacre à l’action environnementale. Je fais un baccalauréat en études environnementales tout en m’impliquant à fond dans l’équivalent universitaire d’une ÉcoÉquipe. Je consolide le bagage de connaissances que j’ai acquis à l’école secondaire, j’étudie diverses ressources pour l’organisation et la réalisation effective du changement, et j’apprends toute l’importance d’établir des relations sincères. Je continue aussi d’apprendre à surmonter les obstacles, ainsi qu’à exercer mon sens critique et à nuancer mes propos quand je suggère des solutions.

3) Quel soutien as-tu reçu de la part des adultes à l’école?

Les enseignants nous ont vraiment aidés à donner forme à nos activités et à diriger l’équipe, surtout à l’élémentaire. J’ai aussi beaucoup aimé toutes les sorties écologiques auxquelles j’ai pu participer grâce aux enseignants. La plantation d’arbres est une expérience extraordinaire! Surtout, les enseignants nous ont aidés à éliminer les obstacles à la réalisation de nos projets et à trouver des solutions.

L’appui de la direction de l’école est également très utile. Au secondaire, notre directeur a consacré un surplus budgétaire à l’achat de trois stations de remplissage de bouteilles d’eau. Nous avons été parmi les premières écoles secondaires à en être équipées. Je dis aussi bravo aux concierges. L’action de ces personnes formidables est absolument essentielle à l’écologisation des écoles, et on oublie souvent de leur donner toute la visibilité qu’elles méritent.

Rétrospectivement, je pense que ce soutien m’a été extrêmement bénéfique, même si je n’en avais pas conscience. Notre société est marquée par toutes les hiérarchies établies entre adultes et jeunes. Pour de jeunes personnes, voir un adulte en position d’autorité travailler sur le même pied que nous à l’atteinte d’un objectif commun est une expérience très encourageante, qui nous met en confiance.

4) Quels ont été les moments forts de ton expérience au sein d’une ÉcoÉquipe?

Mon ÉcoÉquipe réunissait un groupe de personnes diversifiées afin d’agir pour notre planète. En soi,
c’est déjà tout un exploit.

La chose la plus importante que mon ÉcoÉquipe a faite pour moi, c’est sans doute de m’aider à
progresser et à apprendre à me connaître.

Plus jeune, je n’aurais jamais cru arriver à faire certaines choses que je faisais à la fin du secondaire. En 12 e  année, j’étais le principal leader étudiant de mon ÉcoÉquipe, alors qu’en 9 e  année, j’avais peur de ne pas être « assez bonne » pour diriger un des sous-comités. Je suis plutôt timide, mais dans l’exercice de mes fonctions, je me suis adressée à toute la communauté scolaire à l’assemblée du retour à l’école, pour parler de l’ÉcoÉquipe et de tout ce que nous avions réalisé en quatre années à peine (du statut d’école non certifiée à la certification Or, nous visions maintenant le Platine!). J’ai aussi fait toutes nos annonces à l’interphone. Je m’affirmais pour représenter ce en quoi je crois. Aujourd’hui, c’est un de mes grands objectifs : gagner la notoriété et le respect par mon travail.

Un autre grand avantage a été de me rendre compte que, bien avant d’occuper un emploi ou d’obtenir mon diplôme d’études secondaires, tout ce que j’avais fait pour mon ÉcoÉquipe m’avait donné une vaste expérience de tâches qui sont souvent rémunératrices.

5) Quelle influence tes années avec une ÉcoÉquipe ont-elles eue sur ton cheminement actuel?

Il n’y a pas de doute : mon expérience des ÉcoÉquipes est une des principales raisons de mes études actuelles sur l’environnement, les ressources et la durabilité. Mon ÉcoÉquipe m’a aidée à me rendre compte que ma passion pour l’environnement pourrait déboucher sur une carrière. Grâce à cette exposition précoce à l’importance de la conscience sociale et environnementale, je suis très au courant des enjeux environnementaux et de leurs solutions. J’ai aussi acquis des bases solides pour comprendre, étudier et défendre divers aspects du changement qui me passionnent.

6) Comment maintiens-tu ton niveau d’inspiration comme défenseure de l’environnement?

Parfois, c’est vraiment difficile, et il m’est arrivé de sortir d’une classe complètement chamboulée, mais tout se résume à ceci : si je n’agis pas, si nous n’agissons pas, qui le fera? Tant de systèmes sont en crise. Nous n’avons pas le luxe d’attendre que quelqu’un règle le problème; d’ailleurs, pourquoi voudrions-nous attendre? C’est une sensation toute particulière que de pouvoir se dire qu’on joue un rôle de premier plan pour aider les gens et la planète; tout le monde ne peut pas en dire autant. C’est une sensation incomparable que de faire partie d’un vaste mouvement dont on peut tirer une véritable fierté.

De plus en plus, je constate que j’insiste sur l’importance d’observer les liens entre les enjeux environnementaux et d’autres grandes causes et sur les alliances et les appuis réciproques que ces mouvements peuvent concrétiser. Beaucoup de nos causes sont interdépendantes. L’environnement exerce une multitude d’influences sur les enjeux sociaux, du logement abordable aux droits de la personne et à l’égalité. Pour trouver des solutions globales, les défenseurs de toutes ces causes doivent être fortement sensibilisés les uns aux autres.

7) Quels conseils donnerais-tu aux ÉcoÉcoles?

Pour les élèves :

  • Faites le saut, ça en vaut vraiment la peine! Vous ne trouverez peut-être pas tout « amusant », mais vous nouerez de véritables amitiés, vous arriverez à dépasser vos limites et vous apprendrez que vous avez plus d’aptitudes que vous l’auriez jamais imaginé.
  • Établissez des relations : Nouez des liens avec des gens de votre école, mais aussi avec des personnes d’autres écoles et de toute la collectivité. Votre présence enrichissante auprès des autres débouchera sur des collaborations, des perspectives, des idées et des projets formidables.
  • Dépassez le stade de la prise de conscience : La conscience de l’existence d’un problème est le premier pas vers la solution, mais en soi, elle ne génère pas d’action. Trouvez des moyens d’amener votre communauté scolaire à passer à l’action, et vous verrez de vrais changements.

Pour le personnel enseignant et administratif :

  • Ne leur coupez pas les ailes. Laissez les élèves proposer des idées folles et suivez-les. Aidez-les à s’assurer que leur idée englobe et prend en compte tous les facteurs nécessaires, mais ne laissez pas le cynisme s’installer.
  • Y a-t- il des obstacles? Aidez les élèves à les contourner. On n’est jamais trop jeune pour susciter un changement décisif.
  • Rêvez grand. Les ÉcoÉquipes ne doivent pas vivre en captivité! Profitez des occasions d’emmener votre ÉcoÉquipe à l’extérieur de l’école. Les jeunes veulent voir que leurs actions ont un réel impact sur le monde. J’ai entendu des récits extraordinaires à propos d’élèves à qui leur ÉcoÉquipe a ouvert des perspectives inimaginables, comme la possibilité de s’adresser au conseil municipal et de transformer leur monde et leur école. Cherchez à offrir de telles occasions aux élèves, et aidez-les à les créer et à les concrétiser.

8) En quoi ton stage à ÉcoÉcoles de l’Ontario a-t- il éclairé ton point de vue sur le programme?

C’est vraiment intéressant de voir la quantité de travail, de passion et de soin qui est investie dans la réalisation du programme, de même que toute la mécanique qui assure le bon fonctionnement d’un organisme de bienfaisance enregistré. C’est très agréable de travailler avec des gens si motivés et bienveillants; tout le monde est vraiment doué, formidable et solidaire. C’est l’excellence des personnes qui fait l’excellence du programme.

Mon stage me confirme sans contredit que mes années de formation à l’ÉcoÉquipe ont contribué à ma réussite. L’école n’est pas qu’une préparation au « monde réel ». Pour bien des jeunes, l’école EST le monde réel, et les enseignements de l’ÉcoÉquipe sont essentiels et fondamentaux, pour aujourd’hui comme pour l’avenir.